Mettre un terme à la « Françafrique »

Promesse inévaluable

Promesse inévaluable de François Hollande

En visite à Dakar au Sénégal, François Hollande a annoncé la fin de la Françafrique. « Le temps de la Françafrique est révolu : il y a la France, il y a l'Afrique, il y a le partenariat entre la France et l'Afrique, avec des relations fondées sur le respect, la clarté et la solidarité », a expliqué François Hollande.

Il est très difficile de constater dans les faits la fin de la Françafrique. En février 2012, Nicolas Sarkozy annonçait avoir mis fin aux « réseaux occultes ».

A noter, que certains acteurs contestent la guerre au Mali, comme l'ancienne ministre de la culture du Mali Aminata Traoré qui dénonce une ingérence dans l'intervention française ou comme ce blogueur de Mediapart.

Néanmoins, Hélène Le Gal, la conseillère Afrique de François Hollande, a estimé le 9 août dans un entretien à France 24 que le système de la Françafrique "était révolu" :

La Françafrique c'est une espèce d'institutionnalisation d'un système mafieux de réseaux, ce n'est pas du tout la manière dont se passent aujourd’hui les relations entre la France et l'Afrique. Il y a des canaux bien identifiés, des ministres, des ambassadeurs, des conseillers qui portent cette relation, font des propositions qui instaurent ce partenariat et cela ne passe pas par des émissaires officieux, ceux qui se disent de tels émissaires mentent.

En clôture du forum économique franco-africain à Paris, le chef de l'Etat a annoncé la création en 2014 d'une "fondation franco-africaine pour la croissance" qui aura pour objectif de "promouvoir les talents (des) entreprises des deux continents".  

Un nouveau jeu d'influence avec l'Afrique

Depuis l'élection de François Hollande, il n'y a plus de cellule Afrique à l'Elysée. Pourtant, comme le relève Mediapart, la diplomatie économique chère à Laurent Fabius, favorise la "realpolitik". Selon le site d'information, il n'est pas possible de faire des affaires avec certains pays africains, comme l'Angola, sans utiliser les mêmes intermédiaires qui sont en contact avec le pouvoir.

Un bilan difficile à évaluer

Pour de nombreux spécialistes, François Hollande a maintenu une relation particulière avec certains pays d'Afrique. Les cas les plus marquants sont évidemment ceux du Mali ou de la Centrafrique, pays où la France est intervenue militairement (voir les promesses Intervention brève en Centrafrique et Pas d'intervention solitaire au Maliet surtout à la demande des dirigeants locaux. 

Sur le plan politique, le Président s'est beaucoup rapproché de nombreux dirigeants et notamment Alpha Condé, le président du Niger Mahamadou Issoufou et le président malien Ibrahim Boubacar Keïta. "François Hollande sait que c'est une zone où la France peut continuer d'exister sur la scène internationale. Il perçoit aussi l'intérêt économique d’un continent dont les pays ont une croissance qui dépasse souvent les 5%" confie à Challenges Bruno Delaye, diplomate, responsable de la « cellule africaine » de l'Élysée de 1992 à 1995. 

Rapport parlementaire au vitriol

En avril 2015, le Canard enchaîné révèle qu'un rapport parlementaire a été retoqué par la commission des Affaires étrangères de l'Assemblée nationale. Ce rapport, corédigé par Philippe Baumel (PS) et Jean-Claude Guibal (UMP) , accuse notamment le ministre de la Défense, Jean-Yves Le Drian, de s'être mué en "ministre de l'Afrique".

Le rapport est finalement rendu public, mais la présidente de la commission des Affaires étrangères, Elisabeth Guigou, a tenu à s'en démarquer publiquement, rapporte l'hebdomadaire L'Obs, qui publie le document en mai 2015.

Les rapporteurs "estiment que l’aide au développement de la France en Afrique subsaharienne est à la fois insuffisante et inefficace, ce qui mène à des crises, à l’effondrement des Etats, puis à l’intervention de l’armée française", résume L'Obs.

Position réaffirmée

En septembre 2016, le nouveau ministre des Affaires etrangères Jean-Marc Ayrault a affirmé, concernant une crise politique au Gabon, que la période de la Françafrique était "derrière nous".

"Nous sommes des partenaires de l'Afrique mais nous ne voulons en aucun cas nous ingérer dans les affaires intérieures des pays", a-t-il ajouté, sur France 2. "Ce serait irrespectueux pour les Africains, ils ne nous le demandent pas.

A cette occasion, l'agence Reuters a interrogé Aline Leboeuf, chercheuse à l'Institut français des relations internationales (Ifri) et co-auteure en 2014 d'un rapport sur la politique africaine de la France sous François Hollande, au sujet de la Françafrique:

"Il y a plusieurs interprétations de la Françafrique : la première c'est l'existence de réseaux parallèles", répond-elle. "Il y a vraiment eu un recentrage, une clarification sur le fait que s'il y avait des négociations avec partenaires africains, il fallait passer par le canal officiel. Après, si la fin de la Françafrique veut dire assainir les relations avec les partenaires africains, ça c'est assez délicat à mettre en place."

Type de promesse : Projet présidentiel

Mots-clés : françafriquepolitique étrangèrecorruptionAfriqueInternational