Créer 60 000 postes en cinq ans dans tous les métiers de l'éducation

Promesse partiellement tenue

Promesse partiellement tenue de François Hollande

Rentrée 2012

Ainsi que l'avait annoncé Vincent Peillon, des mesures d'urgence ont été prises dès la rentrée 2012, avec la création de 2 355 postes :

Quinquennat

Le plan du gouvernement pour créer les 60 000 postes est détaillé dans le projet de loi sur la refondation de l'école, adopté le 25 juin 2013 :

  • 54 000 pour l'éducation nationale
    • 21 000 enseignants titulaires :
      • 7 000 au secondaire
      • 14 000 au primaire, dont 3 000 pour l'accueil des moins de trois ans en maternelle en zones défavorisées et 7 000 affectés au principe du "plus de maîtres que de classes" dans le primaire
    • 27 000 postes affectés à la formation des enseignants
    • 6 000 pour les autres métiers de l'éducation (CPE, administration, médico-social...)
  • 5 000 pour l'enseignement supérieur
  • 1 000 pour l'enseignement agricole

Les 18 000 emplois d’avenir professeur ne sont pas comptés dans les 60 000.

Des doutes sur la création effective des 60 000 postes

Sur le papier, le ministère de l’Education nationale l’affirme, les 60 000 postes auront été créés une fois passée la rentrée de 2017. 12 842 postes inscrits dans le budget 2017 devraient compléter les 47 158 postes postes déjà créés depuis 2012.

Comme annoncé, 54 000 postes seront revenus aux premier et second degrés, 5 000 à l’enseignement supérieur, et 1 000 à l’enseignement agricole, comme le détaille le ministère :schema_demplois2017_632566.jpg

La réalité est pourtant plus compliquée, pour plusieurs raisons.

1. Les budgets ne sont pas toujours réalisés

Si les 60 000 postes ont effectivement été votés et budgétés par le Parlement, cela ne signifie pas qu’ils ont tous été ouverts.

Les rapports annuels de performance du ministère des finances, qui évaluent chaque année la mise en oeuvre effective des créations de postes, en prenant en compte les départs à la retraite, le montrent bien : sur les années 2013-2015, par exemple, le nombre de postes d’enseignants n’a pas progressé de 30 000, comme le revendique le ministère, mais de 20 000 seulement.

L’explication de ce différentiel est à chercher du côté de la difficulté de l’éducation nationale à recruter, notamment dans le secondaire. En effet, tous les postes d’enseignants  » ouverts «  ne sont pas pourvus. Entre 2012 et 2015, cela représentait 13 % des ouvertures de postes revendiqués par le ministère (4 074 sur 31 627), selon la Cour des comptes.

2. Une majorité des postes sont créés pour des stagiaires

Sur les 60 000 postes revendiqués par le gouvernement, 29 590 sont des postes de stagiaires. Une tendance qui correspond à la priorité de l’exécutif de  » reconstituer d’abord une formation initiale des enseignants » Promesse tenue de François Hollande, avec la création des écoles supérieures du professorat et de l’éducation (ESPE).

Or, il est important de noter que les enseignants stagiaires ne sont devant les élèves qu’à mi-temps et qu’à l’issue de leur année de formation, tous ne sont pas titularisés : pendant le quinquennat Hollande, entre 90 et 93 % des stagiaires ont été titularisés. Une fois titularisé, l’enseignant peut occuper un nouveau poste, un poste déjà existant, ou être nommé sur des zones de remplacement, par exemple. A ce titre, le professeur et formateur Philippe Watrelot estime que  » les créations de postes ont surtout permis de recréer une partie du vivier de remplaçants qui avait été complètement décimé sous le quinquennat Sarkozy « .

3. La promesse peut-elle toujours être tenue ?

Il faudra attendre le printemps 2018 pour savoir exactement combien de postes auront été créés pendant le quinquennat Hollande, car les chiffres effectifs pour 2016 et 2017 ne sont pas encore connus.

On peut d’ores et déjà affirmer qu’il manquera au moins 4 000 postes à cause des retards enregistrés en début du quinquennat.

Reste à savoir si les postes budgetés pour 2016 et 2017 seront effectivement créés. Certains syndicats ont exprimé leurs doutes sur le réalisme de recruter 11 662 nouveaux enseignants sur la seule rentrée 2017, au regard des difficultés constatées les années précédentes.

Pour répondre à la crise de vocation, le ministère a annoncé en mai 2016 une revalorisation des rémunérations des enseignants pour 2017. D’ici 2020, le salaire d’un enseignant devrait en moyenne être augmenté de 1 200 euros par an – une mesure dont le coût est estimé à un milliard d’euros.

4. Zone d’ombre dans l’enseignement supérieur

Il est impossible de savoir si les 5 000 nouveaux postes promis – et revendiqués – dans l’enseignement supérieur ont été effectivement créés. En effet, les universités perçoivent ces créations de 1 000 postes par an sous la forme d’une enveloppe financière, sans utilisation fléchée – autonomie oblige. Or, beaucoup étant en difficultés budgétaires, une enquête d’EducPros a montré que certaines étaient tentées d’utiliser tout ou partie de leur dotation pour renflouer leurs caisses, plutôt que pour employer de nouveaux personnels.

Jean-Loup Salzmann, qui préside la Conférence des présidents d’université, estime à 60 % les postes publiés ayant donné lieu à des emplois réels – bien en deça des « 75 % à 80 % » revendiqués par le secrétaire d’Etat à l’enseignement supérieur Thierry Mandon.

Des effets peu perceptibles sur le terrain

54 000 postes peut paraître un chiffre énorme, mais cela reste inférieur au nombre total d’écoles, de collèges et de lycées (63 900). Pour Frédéric Sève, secrétaire général du Sgen-CFDT, « les 60 000 postes n’ont pas changé grand-chose dans la majorité des classes, notamment parce que ces créations ont été utilisées dans les zones qui en avaient le plus besoin et dans le cadre de dispositifs précis, comme le  » plus de maîtres que de classes  » en primaire Promesse partiellement tenue de François Hollande ».

« Après 70 000 suppressions de postes sous Nicolas Sarkozy et une démographie en hausse constante depuis cinq ans dans les collèges puis les lycées, ces moyens sont notablement insuffisants »estime le Snes. En effet, entre 2012 et 2015, les effectifs du système scolaire ont augmenté de plus de 200 000 élèves : 86 300 élèves supplémentaires dans le premier degré, et 114 400 dans le second. « Une partie des nouveaux postes a donc servi à répondre à la croissance démographique »souligne le SNUipp-FSU.

La création de ces postes n’enraye pas, par exemple, l’inflation du nombre d’élèves par classe. Depuis 2011, la part des classes de lycée accueillant entre 35 et 39 élèves est passée de 25 à 41 %, tandis que le nombre moyen d’élèves par classe y est passé de 28,3 à 30 élèves. Pour l’école élémentaire et le collège, cette moyenne est restée stable (respectivement à 23 et 24,8).

Calendrier respecté

Selon l'agenda du changement, les nouveaux personnels pour la rentrée 2012 devaient être recrutés avant le 2 août 2012. Cela a été le cas.

Type de promesse : Projet présidentiel

Mots-clés : éducation nationaleprofesseursenseignantsenseignementprimairesecondairedépenses publiquesenseignement supérieuruniversitéBudget 2013loi sur la refondation de l'école