Définir le nouveau système de retraite solidaire par une négociation globale avec les partenaires sociaux dès l'été 2012
Le programme du candidat Hollande précise qu'"une négociation globale s’engagera dès l’été 2012 avec les partenaires sociaux afin de définir, dans un cadre financier durablement équilibré, l’âge légal de départ à la retraite, la prise en compte de la pénibilité, le montant des pensions et l’évolution des recettes indispensables à la pérennité de notre système de retraite solidaire".
Promesse tenue de François Hollande
La réforme des retraites a été annoncée par le ministre de l'Economie Pierre Moscovici le 19 décembre 2012.
Le 27 février 2013, le ministre du Budget Jérôme Cahuzac a ouvert la porte à une augmentation de la durée de cotisation sur RTL : "L'allongement de l'espérance de vie doit se partager entre temps travaillé et temps retraité". Le 10 mars 2013, la ministre de la Santé Marisol Touraine a prévenu que des efforts seraient demandés à tous les Français à l'occasion de cette réforme.
Le 28 mars 2013, sur France 2, François Hollande a précisé la nature de ces efforts: il envisage "des durées de cotisation plus longues", accompagnées de plusieurs mesures supplémentaires (sans exclure une éventuelle désindexation des pensions des retraités, mais en épargnant les petites retraites).
Le rapport Moreau sur les retraites a été remis le 14 juin 2013 à Jean-Marc Ayrault. Pour atteindre l'équilibre du régime des retraites en 2020, il préconisait :
Le 16 juin 2013, dans l'émission "Capital" sur M6, François Hollande a confirmé l'allongement de la durée de cotisation, mais a promis de ne pas toucher à l'âge légal de départ. Il a admis qu'une hausse des cotisations "fera[it] partie des solutions".
Le président a également promis de ne pas toucher au montant des pensions, sans exclure une hausse de la fiscalité. Il a écarté l'idée d'une nouvelle réforme des régimes spéciaux, et a insisté sur la "concertation" pour mener à bien la réforme.
Lors de son allocution du 14 juillet, François Hollande a de nouveau confirmé que la réforme, "nécéssaire", passerait par l'allongement de la durée de cotisation.
Après une dernière concertation avec les partenaires sociaux, les 26 et 27 août 2013, Jean-Marc Ayrault a rendu les arbitrages du gouvernement sur la réforme :
Le 26 novembre 2013, Marisol Touraine, ministre de la Santé, a présenté deux mesures visant à compenser le report de six mois de la revalorisation des pensions : la revalorisation à hauteur de 60 euros de l'aide à l'acquisition d'une complémentaire santé (ACS) pour les plus de 60 ans et une double revalorisation du minimum vieillesse en 2014. Ce dernier a effectivement été revalorisé de 787 à 792 euros au 1er avril 2014, puis de 792 à 800 euros au 1er octobre 2014.
Pour compenser l'absence de relavorisation des petites retraites en 2014 (en raison de la faible inflation), le Premier ministre a également annoncé le 16 septembre 2014 une prime exceptionnelle de 40 euros pour les retraités touchant moins de 1 200 euros par mois. La mesure, qui concernait environ six millions de retraités, s'est appliquée entre le 18 et le 22 mars 2015.
Ces mesures de compensation devaient coûter 250 millions d'euros et être financée "par des économies", selon Manuel Valls.
Présenté en conseil des ministres le 18 septembre 2013, le texte a été voté le 15 octobre 2013 à l'Assemblée. Le Sénat a fait de la résistance sur le texte, en détricotant plusieurs mesures de la réforme, ce qui a conduit la droite et la gauche à rejeter la réforme le 5 novembre 2013.
Le gouvernement a annoncé le 21 novembre 2013 que le vote sur le projet de loi sur les retraites et le rétablissement du report de six mois de la revalorisation annuelle des pensions se ferait le 26 novembre, à vote bloqué.
En d’autres termes, par crainte que le report à six mois des revalorisations des pensions soit rejeté, le gouvernement décide de suspendre les débats et de faire un vote unique sur tout le projet de loi, sans débattre des sous-amendements.
Le 26 novembre 2013, l'Assemblée a adopté une nouvelle fois le texte qui a ensuite été de nouveau rejeté au Sénat (le 16 décembre 2013). Les députés ont finalement eu le dernier mot et la réforme des retraites a été définitivement adoptée le 18 décembre 2013.
Le groupe UMP avait alors saisi le Conseil constitutionnel au motif que plusieurs dispositions du texte étaient contraires à la Constitution. Un mois plus tard, le 16 janvier 2014, les Sages ont validé la réforme des retraites.
A la veille de la conférence sociale de juillet 2014, le patronat a menacé le gouvernement d'un boycott. Outre la volonté d'accélération de la mise en œuvre du pacte de responsabilité, le Medef souhaitait également l'abandon du compte pénibilité voté lors de la réforme des retraites, qui devait entrer en vigueur le 1er janvier 2015. Réforme trop complexe, délais trop courts... les tensions se sont cristallisées sur ce sujet.
Le 2 juillet 2014, Manuel Valls a cédé et proposé d'étaler la réforme sur un an, avec une montée en charge progressive jusqu'à la généralisation en janvier 2016. Un recul dénoncé par les syndicats, qui critiquaient déjà la faible ambition de ce compte pénibilité.
Pour éteindre les critiques du patronat et des syndicats, Manuel Valls a annoncé, le 26 mai 2015, une simplification du compte pénibilité. Ces ajustements devaient faire l'objet d'amendements au projet de loi sur le dialogue social. De plus, la mise en œuvre de certains mécanismes du dispositif devait être retardée de 6 mois.
Le 31 décembre 2015, le gouvernement a publié au Journal officiel les deux derniers décrets d'application du compte pénibilité. A partir de juillet 2016, six nouveaux critères entreront en vigueur: postures pénibles, bruit, manutention manuelle de charges, agents chimiques, vibrations mécaniques, températures extrêmes.
L'âge légal de départ à la retraite a été ajusté, le montant et les recettes des pensions également, et la pénibilité a été prise en compte, comme le précisait le programme du candidat Hollande. La promesse est donc tenue.
Calendrier en retard
Type de promesse : Projet présidentiel
Mots-clés : retraitesréformeMarisol Tourainepartenaires sociaux